KATI HORNA


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Kati Horna, qui s’est très vite affirmée comme l’une des photographes documentaires les plus respectées au Mexique, est née en Hongrie en 1912. Comme plusieurs artistes autour d’elle dans les années 30, elle défend très jeune des idéaux de gauche et devra bientôt quitter la Hongrie pour son engagement politique. Dans son pays natal, elle rencontre la légende du photojournalisme classique, Robert Capa, alors qu’il n’est qu’un adolescent étourdi d’humanité et s’appelle encore Endre Friedman. Elle le retrouve a Paris, le suit en Espagne pendant la Guerre civile de 1936, et constitue hors du champ de bataille un original manifeste contre la guerre. Elle ne le publie pas dans Life mais dans le journal anarchiste Umbral, proche de ses idées, et n’ira pas à New York sous un pseudonyme mais au Mexique où elle fuira le nazisme avec un sculpteur andalou dont elle prendra le nom. « En photographiant les civils durant un conflit dont on n’entendait quasi jamais parler, Horna initia une nouvelle approche. De Barcelone, d’Aragon ou de Catalogne, elle envoyait des images qui documentaient la douleur, la confusion et la souffrance que vivaient des Espagnols ordinaires, quelle que soit leur affiliation politique », écrivait Joanna Moorhead dans The Guardian à l’occasion de la première exposition de Kati Horna organisée à Londres en 2010 — l’année de sa mort. Pendant la guerre, Horna s’est écartée du front pour regarder les civils, enfants réfugiés pris dans le tourbillon de la cruauté sociale, portraits d’anarchistes utilisés pour des posters de propagande, scènes de vie des déportés pour qui la guerre rime avec misère. Elle s’est plus particulièrement engagée dans une écriture allégorique empruntée à ses amis artistes, comme la peintre mexicaine Remedios Varo, dont elle a fait le portrait en 1957 affublée d’un masque —  le résultat fixe sur un même plan, visages de face et de profil dans une mise en scène qui évoque les recherches picturales de Picasso. L’exposition du Jeu de Paume, organisée en partenariat avec le Museo Amparo de Puebla pour l’anniversaire des 100 ans de la naissance de Horna, se présente comme la première rétrospective majeure de la photographe et militante, et s’attache à mettre en avant son langage résolument surréaliste dans des genres aussi variés que la guerre, le portrait, la nature morte et le reportage social. De la guerre par exemple, l’exposition inclut "La Montée à la cathédrale" (Subida a la catedral, 1938) : en noir et blanc, de nuit, ce qui semble n’être qu’un visage dessiné sur un mur par le jeu d’ombres et de lumieres est en fait une peinture de Madone aux yeux tristes et bienveillants. Kati Horna jouait des formes et parfois des superpositions pour constituer un témoignage métaphorique, indirect mais efficace, qu’elle pouvait enrichir loin du front. Plus symbolique encore que la Madone de la cathédrale de Barcelone est notamment sa série réalisée à la même époque, à Paris, en collaboration avec l’illustrateur allemand Wolfgang Burger : l’ensemble, produit entre 1935 et 1937 et titré Hitlerei, met en scene des œufs et autres légumes pour ridiculer la figure d’Hitler, mêlant humour aiguisé et subtile tragédie pour dénoncer la situation politique en Europe.
photographs by KATI HORNA

From 03/06/2014 to 21/09/2014
JEU DE PAUME
1 place de la Concorde
75008 PARIS
France

Opening hours : Du mardi au dimanche de 11h à 19h
Phone : 01 47 03 12 50
accueil@jeudepaume.org
www.jeudepaume.org