Paul Emman investit, à l’invitation de Jones + Jones, cet étrange souterrain, singularité architecturale, se partageant entre locaux modernes abandonnés et voûtes d’autrefois. Né à Bogotá (Colombie) le 18 septembre 1987 et adopté très tôt par une famille française, Paul Emman fait partie de ces artistes qui ne se découvrent qu’à leur insu. En effet, dès ses 18 ans, il s’envole vers sa terre natale, armé d’un appareil photo, afin d’y immortaliser son orphelinat et d’en faire un ouvrage. Quelque mois plus tard, poursuivant sa course effrénée vers une reconnaissance photo-journalistique, il se rend à Copsa Mica (Roumanie), à Gyumri (Arménie) et partage également, aux quatre coins du monde, le quotidien notamment de chiffonniers au Caire, d’aborigènes en Australie, de clandestins à Mayotte et d’une multitude d’autres peuples. L’artiste s’intéresse particulièrement aux paysages peu banals et désolés, sa pratique apportant un regard à la fois poétique et esthétique sur des situations périlleuses ou conflictuelles. L’exposition refuse la confrontation entre des œuvres empreintes de violence et des instants de méditation. Elle tend plutôt à nous offrir un regard d’espérance, loin des apitoiements forcés du photojournalisme ou des campagnes humanitaires commisératives. Dans le silence sombre de ce sous-sol hors du commun, cet « itinéraire bis » d’un artiste se découvrant à tâtons de chaque côté de son objectif nous projette dans un tourbillon d’une obscure simplicité où, très vite, des brins de lumière malicieux nous offrent un regard éclairé, créant des jours de clarté avant même d’apercevoir le bout du tunnel.