E.CITÉ – GDANSK en bref – E comme Europe, E comme échanges, E comme environnement urbain…
Le projet e.cité consiste à inviter et présenter, chaque année, à Strasbourg, une ville européenne à travers les aspects les plus dynamiques et les plus singuliers de sa culture, mais pas seulement. e.cité oriente ses activités vers la question du développement local en intégrant la création contemporaine dans des projets d’urbanisme – la ville est alors considérée comme un champs d’actions artistiques.
 
La création artistique contemporaine de Gdansk (Pologne) sera présentée au public strasbourgeois à travers différents événements : « AVANCEZ VERS L’ARRIÈRE ! », exposition photographique, et « LE FARDEAU ET LA LÉGERTÉ. Regards projetés – Gdansk », sélection d’art vidéo.
 
D’une manière générale, la place de l’homme sera le sujet de l’exposition des œuvres proposées par les photographes de Gdansk. Le plus âgé d’entre eux, Zbigniew Kosycarz (1925-1995) était photographe de presse. Installé à Gdansk après la seconde guerre mondiale il s’attache à rendre compte de la reconstruction et de la transformation de la ville, de son quotidien comme de ses évènements importants. Dans l’exposition ses photographies donnent à voir la vie de chaque jour pendant la période communiste, les résistances politiques, les secousses du pays dans les années quatre-vingt et le début de transformations dans les années quatre-vingt-dix.
 
Le développement du projet de Michal Szlaga (né en 1978) concerne le lieu légendaire des chantiers navals de Gdansk, berceau du mouvement Solidarnosc, lieu ou vit l’artiste et où se trouve son studio. Ses photographies    empreintes de nostalgie constituent une mémoire et un témoignage du déroulement quotidien du processus néolibéral. Depuis l’année 2000, il photographie les évènements locaux, les paysages, les travailleurs ainsi que les changements qui apparaissent en raison de la faillite des chantiers navals, et du déclin de leurs métiers spécifiques. Il témoigne aussi de la destruction progressive des installations et des bâtiments où les mauvaises herbes envahissent les lieux qui autrefois vibraient d’une intense vie industrielle et politique.
 
Alicja Karska (née en 1978) et Aleksandra Went (née en 1976) travaillent en duo au moyen de la vidéo et de la photographie. L’observation pertinente de l’espace urbain, de ses curiosités, de ses absurdités, de ses détails insignifiants constitue le sujet de leur préoccupations. Le cycle Cityproject (2008-2009) est fondé sur un dispositif qu’elles ont choisi d’installer dans les chantiers navals. Sur un terrain humide, parmi les flaques d’eau, elles ont mis en place une maquette d’une cité moderne et utopique construite avec des morceaux de sucre.
 
C’est ce type d’utopie que faisait partie de notre réalité dans les années soixante-dix et quatre-vingt. Nous la connaissons très bien. Hélas en dépit des promesses humanistes de la Charte d’Athènes qui évoquaient une telle espérance, notre expérience d’habitation de ce type d’architecture est plutôt négative. Sur les photographies de Karska-Went, l’utopie du sucre s’effondre et se dissout sous la pluie.
 
Enfin, le cycle photographiques de l’artiste et commissaire de cette exposition, Agnieszka Wolodzko, intitulée Body on the Move, prend ses racines dans son propre et permanent besoin de voyage, de déplacement d’un endroit à un autre. Les photographies sont prises « à une occasion, sur la route ». Elles sont créées dans la précipitation alors que le temps manque pour installer l’appareil et réfléchir à la composition de l’image. Leur caractère chaotique renferme sa propre philosophie exprimant le souhait de communiquer une expérience et non une réflexion esthétique. Cette pratique dépasse les limites de son travail artistique en tant que tel et devient une action en soi, une addiction, un mode de vie. Jusqu’à présent ce cycle inclut des images de Chine, Russie, Japon, Roumanie, Ukraine et Maroc. L’exposition n’en présente qu’une petite partie. »
 
Agnieszka Wolodzko, 2011