DOLGANS-NENETS : à la rencontre des hommes du monde des glaces


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C’est dans le Grand Nord sibérien, en 1997, dans la péninsule du Taymir, que je croise pour la première fois les Dolgans, la famille Jarkov : Piotr le vieux sage, entouré de ses fils Gavril, Guennadi, sa femme Olga et le petit Kostia. S’ensuivra une longue série de rencontres sur plus de douze années.Les Dolgans sont des éleveurs de rennes, ce sont des nomades qui, tous les huit à dix jours, déplacent leurs troupeaux. Ils transhument au gré des pâturages enneigés. Le lichen, aliment principal du renne ne pousse que d’un millimètre par an, donc il faut absolument préserver la ressource. Les Dolgans vivent sur un territoire de la taille de la France plus de 500 000 kilomètres carrés.Les Dolgans se déplacent avec leur campement fait des petites caravanes, des ballok, montées sur traîneaux et tractées par les rennes. Ils vivent de façon ancestrale, en hiver, se nourrissent de viande de renne et de poissons pêchés dans les lacs et rivières à l’aide de filets glissés sous la glace.
La température peut descendre à -60° C. Il faut, quelles que soit les conditions climatiques, surveiller les troupeaux de rennes contre les prédateurs, les loups, qui, en meutes, font des ravages, surtout pendant la nuit polaire.En été, la toundra est plus généreuse, c’est une multitude de baies (camarines noires), de champignons et de fleurs qui font le quotidien des nomades.  Les grandes migrations d’oiseaux, canards, oies, bernaches, venues du Sud complètent leur ordinaire.
C’est aussi la saison du bois. Dans la toundra, il n’y a pas d’arbres, donc l’été, sur le bord des rivières, les nomades récupèrent le bois flotté qui dérive au fil du courant depuis les forêts du sud de la taïga. De petits stocks de bois sont ainsi constitués le long des rivages et serviront de combustible pour l’effroyable hiver qui s’annonce.C’est en 2006, lors de la découverte d’un bébé mammouth appelé Lyuba, que j’ai rencontré les Nenets, installés dans la péninsule de Yamal. La brigade (la famille) de Yuri Khudy et sa femme Lyuba transhume dans de somptueux paysages de toundra, malheureusement entrecoupés de pipelines et de gazoducs de la compagnie gazière russe Gazprom. Ils se déplacent et nomadisent avec femmes, enfants et animaux, ils vivent dans des tchoum, des tipis construits  de longues barres de bois et recouverts de peaux de rennes. Un petit poêle est installé au milieu de cette tente et toute la famille s’y blottit pour les déjeuners et les longues nuits dans le froid glacial de la nuit polaire.
Les enfants sont, dès l’âge de 6 ans, scolarisés dans des internats, installés dans les grands villages de la toundra, ils ne retournent auprès de leurs parents nomades que pendant les vacances scolaires. Leur quotidien est celui de tous les nomades du Grand Nord. Les hommes surveillent les troupeaux, pêchent et chassent. Les femmes fabriquent de superbes tenues et vêtements en peaux de renne ou de loup, elles brodent bottes, chapkas et manteaux. Elles ont d’immenses tâches : entretenir le feu et, malgré le blizzard qui souffle souvent, l’alimenter en bois afin de préparer les soupes de renne ou de poisson. Autre fonction vitale : faire fondre la neige, car il n’y a plus d’eau en hiver, tout y est gelé et figé !C’est dans cet univers hostile, et de façon ancestrale, que vivent les Dolgans et les Nenets, qui, sereinement, traversent un monde en harmonie avec la nature.
photographs by Francis LATREILLE

From 05/02/2015 to 04/04/2015
GALERIE BEAUGESTE
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