Chicago's South Side 1946 -1948


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Animé d’un profond humanisme, Wayne F. Miller s’est attaché dans ses photographies à dépeindre “les vérités universelles” de l’homme.
Si la couleur de peau, la langue, la classe sociale se distinguent d’un individu à l’autre, des traits communs n’en relient pas moins l’humanité entière : l’aspiration au bonheur, les rêves, les instants de rire, de larmes, les sentiments d’amour, de fierté, les mêmes espoirs, les mêmes inquiétudes… tel est le credo de Wayne F. Miller.
“En tant que photographe de guerre durant la Seconde Guerre mondiale, j’avais vu un incroyable gaspillage de vie et de ressources. Juste après l’explosion de la première bombe atomique, j’ai vu et enregistré l’horreur d’Hiroshima, ultime dénégation de la raison.
Un soir, vers la fin de la guerre, je suis allé sur le pont et ai rejoint mes compagnons de bord. Nous avons échangé des blagues et des ragots puis le ton a changé et nous nous sommes mis à parler de la futilité aveugle de la guerre. Pour la plupart, nous avions l’impression de nous battre dans le noir, par instinct, contre des ennemis que nous ne connaissions pas et qui ne nous connaissaient pas. Les fusils et les bombes pouvaient gagner la guerre, mais l’ignorance et la suspicion perdraient sûrement la paix.
Nous étions d’accord que seules la conscience et la compréhension pouvaient faire de nos ennemis des amis et de nos amis des voisins.
Je n’ai jamais oublié cette conversation. Cela m’a donné la conviction qu’après la guerre, avec un appareil photo, je pourrai être capable de rendre compte de ce qui faisait de la race humaine une famille.”
En 1946 et 1948, Wayne F. Miller obtient deux bourses de la Fondation Guggenheim lui permettant de réaliser un reportage sur la communauté noire des Etats du nord des Etats-Unis. C’est à cette occasion qu’il choisit de parcourir le quartier sud de Chicago, sa ville natale, pour aller à la rencontre de la population noire fraîchement émigrée des Etats du sud.
Ces photographies sont une chronique de cette partie de la ville alors en plein essor industriel.
Miller, photographe blanc, y capture surtout des scènes d’intimité, de la vie quotidienne, les instants de bonheur, de labeur, de révolte d’une communauté pauvre et digne, attachée à son intégration suivant les critères de l’Amérique blanche bien pensante.
Son regard passe d’une danse improvisée au visage fier d’un meneur de grève, d’une scène de rue aux répétitions de Duke Ellington au Savoy.
A aucun moment le photographe n’est dupe de ce qui se présente sous ces yeux : une ségrégation omniprésente dont ces gens tentent de s’abstraire en vivant, comme le ferait le reste de l’humanité.
En mettant en avant des sentiments communs à tous, Wayne F. Miller annonce déjà le propos de The Family of Man, l’exposition historique qu’il contribuera à organiser avec Edward Steichen en 1955.
        Chicago’s South Side 1946 -1948
Wayne F. Miller is a profound humanist and in his photography has always tried to depict the « universal truths » of mankind. While skin colour, language and social class tend to distinguish one individual from another, common traits nevertheless link all of humanity : the pursuit of happiness, dreams, laughter, tears, love, pride, the same hopes the same worries… this is Wayne F. Miller’s credo.
“As a war photographer during the Second World War, I was witness to an unbelievable waste of human life and resources. Just after the first atomic bomb, I saw and recorded the horror of Hiroshima, the ultimate denial of reason. One night, near the end of the war, I went up on to the bridge and joined my shipmates. We joked and gossiped, but then the tone changed and we began talking about the futility of war. Most of us had the impression of fighting in the dark, with our instincts, against enemies that we did not know and did not know us. Rifles and bombs might win wars but ignorance and suspicion would surely lose peace. We all agreed that only conscience and understanding could make our enemies friends and our friends neighbours.
I have never forgotten this conversation. It is what gave me the conviction that after the war, with a camera, I would be able to bear witness to what makes the human race a family.”
In 1946 and 1948, Wayne F. Miller received grants from the Guggenheim Foundation that enabled him to carry out a reportage on the black community of the northern states of the United States. It was at this time that he chose to to encounter the black population that had just migrated from the south to Chicago’s south-side, his native city. These photographs are a chronicle of a part of the city that was in the middle of an industrial boom at the time. Miller, a white photographer, manages to capture scenes of intimacy, of everyday life, moments of joy, labour, the revolt of a poor, dignified community, aiming to integrate according to the criteria of respectable white America.
His eye goes from an improvised dance to the proud face of a strike leader, from a street scene to Duke Ellington rehearsing at the Savoy.
At no point is the photographer taken in by what he sees: he is aware of the omnipresence of the segregation these people try to ignore by living like everyone else.
By emphasising feelings that are common to all, Wayne F. Miller was preceding the subject of The Family of Man, the historical exhibition he organised in tandem with Edward Steichen in 1955.
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Verdadero humanista, Wayne F. Miller, trató siempre de mostrar a través de sus fotografías “las verdades universales” del hombre. Si bien el color de la piel, la lengua y la clase social distinguen un individuo de otro, hay rasgos comunes a la humanidad entera: La aspiración a la felicidad, los sueños, las carcajadas, las lágrimas, los sentimientos amorosos, el orgullo, las mismas esperanzas, las mismas inquietudes… tal es el credo de Wayne F. Miller.
“Enviado como fotógrafo durante la Segunda Guerra Mundial, pude observar un inmenso desperdicio de vida y de recursos. Después de la primera explosión atómica, miré y gravé el horror de Hiroshima, última denegación de la razón.
Una tarde, hacia el fin de la guerra, junto a mis compañeros de a bordo reunidos en el puente, haciendo bromas y chistes al principio, el tono cambió al cabo de un rato para ponernos a hablar de la futilidad de la guerra. Para la mayoría, teníamos la impresión de pelear en la oscuridad, por instinto, contra enemigos desconocidos que nonos conocían tampoco. Los fusiles y las bombas podían ganar la guerra, pero la ignorancia y la sospecha perderían seguramente la paz. Todos estábamos de acuerdo que solo la conciencia y la comprensión podían hacer de nuestros enemigos amigos y de nuestros amigos vecinos.
Nunca olvidé esta conversación. Lo cual después me dio la convicción que con una cámara de fotos podría demostrar que la raza humana es una gran familia".
Miller, fotógrafo blanco, captura sobre todos momentos de intimidad, de la vida cotidiana, los instantes de alegría, de labor, de lucha de una comunidad pobre y digna, sumisa a su integración según los criterios de la América blanca bien pensante.
En todo momento el fotógrafo es consciente de la realidad de las cosas: una segregación omnipresente, de la cual cada uno trata de hacer abstracción para vivir, como lo haría el resto de la humanidad.
Poniendo en evidencia los sentimientos comunes a todos los seres, Wayne F. Miller anuncia ya “La Familia del Hombre”, la exposición histórica que contribuyó a organizar con Edward Steichen en 1955.
photographs by Wayne MILLER

From 16/06/2007 to 30/09/2007
Musée Niecéphore Niépce
28 Quai des Messageries
71100 Chalon sur Saône
France

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