BRIQUETERIES AU BANGLADESH

Un drame humain et écologique

Delphine HERMANN


This post is also available in: Anglais

L’urbanisation rapide du Bangladesh crée une demande croissante de matériaux abordables de construction. Les briqueteries et leurs 8000 fours à travers le pays emploient un million de personnes et produisent 23 milliards de briques par an.

Les fumées dégagées des hautes cheminées sont source d’une pollution massive. La production de gaz à effet de serre est liée à la technique de fabrication artisanale, vieille de plus de 150 ans, entièrement manuelle et basée sur la combustion de charbon.

A Dhaka, qui détient régulièrement le triste record de capitale la plus polluée au monde, 60% des émissions de particules fines proviennent des quelques 1200 fours encerclant la ville.

Ces briqueteries, théâtre de conditions de travail inhumaines, voient affluer chaque année pour un emploi saisonnier, des travailleurs et leurs familles venant des zones rurales. Les familles vivent dans des campements de fortune à proximité immédiate des cheminées.

Hommes, femmes et enfants travaillent 6 mois par an, plus de 10 heures par jour, sans aucun équipement de sécurité. Leur travail harassant se répartit entre la fabrication et le transport des briques.

Le salaire dépend du nombre de briques fabriquées ou portées par jour. Pour gagner entre 2 et 3 $ par jour, un homme doit transporter 1000 briques par jour reparties en trajets de 25 kg sur sa tête. Un salaire si bas ne permet aux adultes de subvenir aux besoins de leur famille et ceux-ci n’ont d’autres choix que de mettre à contribution leurs enfants.

Notre reportage se situe dans l’une des briqueteries de la banlieue de Dhaka et suit le quotidien de ces familles avec comme fil chronologique les étapes de fabrication de la brique.

Le gouvernement bangladais tendrait à se mobiliser doucement contre la pollution engendrée par ces cheminées. L’esclavage moderne, lui, semble n’émouvoir personne dans les hautes sphères.

Pays : Bangladesh
Lieu : Dhaka

Nombre de photos : 20