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Lauréats de la 10ème édition du concours SOPHOT 2020

Exposition de deux lauréats et aperçu de six finalistes

LE MONDE SELON DOWN

Photographies de Bénédicte Thomas

LE MONDE SELON DOWN – Belgique, 2016 / 2019

Deux jeunes filles discutent des bienfaits d’un après-shampoing sous la douche d’un centre aquatique. Cette conversation banale prend une dimension toute particulière en ce jour des Special Olympics. Témoin de cette conversation, je prends conscience de la normalité avant même de voir la différence. Ma perception du handicap est chamboulée.
Ces deux jeunes filles porteuses de la trisomie 21 ont une capacité d’autonomie assez étonnante. L’image que renvoie Pascal Duquenne dans le film Le Huitième Jour de Jaco Van Dormael reste pour la plupart d’entre nous irréelle ou exceptionnelle. Mais qu’en est-il concrètement aujourd’hui ? Une centaine d’enfants touchés par le syndrome de Down naissent chaque année en Belgique. Deviennent-ils des adultes épanouis et heureux ? Quelle place la société leur accorde-t-elle ?
Ces questions m’invitent à partir à leur rencontre.

Etre autonome… un rêve, un combat, une quête, une fierté…
Jour après jour, à force de détermination et de courage, les adultes porteurs de la trisomie 21 acquièrent davantage de confiance et surmontent les difficultés les unes après les autres, inlassablement. Guidés par leur entourage dès le plus jeune âge, ils développent peu à peu leurs compétences, s’adaptent à leur handicap, acceptent leurs différences et s’épanouissent.

« Le monde selon Down » présente des instants de vie du quotidien de ces personnes aux qualités humaines remarquables. Un reportage engagé et humaniste pour une société plus inclusive.


Il y a le possible, cette fenêtre du rêve ouverte sur le réel.

Victor Hugo



Victor Hugo

Biographie :

Infirmière de formation et mère au foyer, Bénédicte Thomas est passionnée par la photographie depuis toujours. Il faudra les années 2005-2006 pour que sa démarche photographique évolue de la mise en boîte de belles images de famille vers la quête passionnée, quotidienne, qui se poursuit aujourd’hui… Deux années aux Arts et Métiers de Mons lui ont apporté la technique, bagage essentiel, cependant qu’un cours d’histoire de la photographie lui a ouvert de nouveaux horizons.
La relation humaine se révélant indissociable de sa démarche photographique, les reportages se sont enchaînés. Un choix confirmé. Désormais centrées sur le reportage humaniste, ses photographies témoignent de moments de vie de personnes de sa région.
Les visites d’exposition, un intérêt constant pour le livre d’auteur et le partage d’expériences entre photographes sont ses principales sources d’inspiration. Présidente du Royal Photo-Club Montois et membre du collectif De Vizu, Bénédicte Thomas continue sa propre photographie tout en gérant, en équipe, ateliers et projets.


PADIÈS – Hier jusqu’au bout

Photographies de Loïc Trujillo

PADIÈS – Hier jusqu’au bout – France, 2013 /2019

Ce sont les vestiges d’une ancienne ferme située à Padiès, commune du département du Tarn, qui apparaissent au mois de décembre lors de la baisse annuelle du niveau du Cérou, rivière qui constitue une réserve d’eau importante grâce au barrage de Saint-Géraud, construit en 1992. L’on aperçoit alors au travers des éboulis ce qui était un four à bois, encore en usage il y a soixante ans. Il est facile de s’imaginer la vie qui animait cet endroit. C’était hier.

« – Ici, se trouvait le potager – dit Louis… ».
Il désigne d’un geste de la main l’emplacement délimité par des murets encore intacts puis tournant légèrement son regard vers la droite indique ce qui reste de l’étable.
« – Un jour, un sabotier s’était arrêté dans cette demeure où vivaient mes parents dit-il. Je devais avoir 5 ans, c’était juste après la guerre. Mon père et lui étaient partis un matin pour choisir un arbre dans la forêt, c’était souvent du bois d’Aulne, car plus léger. Il fabriquait dans un même tronc tous les sabots pour la famille, en échange du gîte et de quelques sous. Quand il faisait froid, on balançait des braises dans les sabots pour les réchauffer…
Désormais on voit beaucoup de bois mort et d’arbres couchés dans les forêts. C’est désolant de voir l’état des chênes, des châtaigniers, de l’aulne. Les arbres crèvent. Avant on disait il est rude comme un chêne. »
« – Hier, l’on baptisait les vaches : Ponpon, la Rousselle, la Figuette. Maintenant elles sont juste un numéro, elles vont pas à l’abattoir, elles vont à la casse. On leur fout un coup de pétard et elles terminent sur un crochet. »
« – Hier, il fallait arpenter les chemins à travers bois pour se rendre à l’école, une gamelle de soupe à la main et quelques châtaignes au fond des poches. Il y avait plus de 100 cheminées qui brûlaient à Padiès et l’école accueillait jusqu’à 70 enfants. Une multitude d’artisans peuplaient les campagnes, charrons, bourreliers, menuisiers, forgerons, maréchal-ferrant, sabotiers, tonneliers… Un village était une société, maintenant il est essentiellement constitué de maisons secondaires, de grandes exploitations agricoles et parfois d’anciennes demeures qui tombent en ruine. »

Louis vit désormais un peu plus haut à La Croix de Cors avec sa soeur. Ce sont les seuls habitants de ce lieu-dit. Non loin de là, à Carrade exactement, vit Gilbert Nègre, né en 1932, et au lieu-dit Champ d’Albi, à peine plus loin, vit Denise Massol, née en 1938 ainsi que Jean-Pierre Bouyssie, un « jeune » voisin, né en 1967. Tous ces lieux-dits, ces hameaux tels que celui de Ginals où vivaient il y a encore quelque temps Odile Puech et son chien Dick évoquent une même façon de vivre, empreinte d’autrefois. Ce sont des petits bouts du monde qui témoignent de la fin d’un monde. C’était hier.


Biographie :

Loïc Trujillo vit à Paris.
Impliqué depuis plus de 15 ans, il pose un regard empathique sur les hommes, leur vie et leur environnement. On lui doit des reportages au long cours couronnés par plusieurs publications et expositions. Sensibles et inspirés, ils ont notamment pour thèmes le détachement, l’homme au travail, les enfants avec autisme, les personnes défavorisées, les artisans de la crémation en Inde, où encore la vie en transit d’enfants réfugiés tibétains.

Il a réalisé, de 2013 à 2018, un portrait social autour de la disparition d’un mode de vie traditionnel concentré dans plusieurs hameaux français du Sud-ouest de la France.

Il a finalisé en 2018 un reportage au CHU et SAMU de Lille où il a suivi des patientes atteintes de maladies cardio-vasculaires, travail qui fait l’objet d’une exposition itinérante.


FINALISTES 2020



« LE MARTYR DES SYRIENS DU KHABOUR »
Depuis le début du conflit syrien en 2011, les assyriens se retrouvent coincés au milieu des belligérants.
Implantés dans le Nord-Est du pays, leur sort s’est aggravé avec la question du Rojava Kurde et l’arrivée en masse des djihadistes dès 2013.
Syrie – 2015 / 2020
Chris Huby

« LE VISAGE DU CHARBON »
L’Inde est le deuxième plus grand producteur de charbon après la Chine. Il fait partie intégrante de la vie quotidienne de la population dans et autour de la « capitale du charbon », Dhanbad, dans l’État du Jharkhand en Inde.
Son extraction est considérée comme l’un des métiers les plus dangereux au monde.
Inde – 2018
Ann Johansson

« LES DERNIERS GLACIERS TROPICAUX DE COLOMBIE »
Les glaciers de Colombie ont un rôle crucial pour les populations locales : ils sont une source d’approvisionnement en eau potable et en irrigation d’agriculture pour des millions de personnes.
Ils ont un très grand rôle symbolique, spirituel et culturel auprès des communautés autochtones.
Colombie – 2019
Antoine Kremer

« LES DERNIERS GLACIERS TROPICAUX DE COLOMBIE »
Les glaciers de Colombie ont un rôle crucial pour les populations locales : ils sont une source d’approvisionnement en eau potable et en irrigation d’agriculture pour des millions de personnes.
Ils ont un très grand rôle symbolique, spirituel et culturel auprès des communautés autochtones.
Colombie – 2019
Antoine Kremer

« COMMENT LA DESHUMANISATION DE LA POLICE EXACERBE LA VIOLENCE DANS LES MOUVEMENTS SOCIAUX »
« Depuis des années est appliquée une sorte de « Starwarisation » des unités qui encadrent les mouvements sociaux.
Un équipement de plus en plus impressionnant, des armes disproportionnées. Petit à petit, le rapport humain est complètement effacé. »
France – 2019
Edouard Monfrais

« GÉNÉRATION TANGANYIKA »
Avec ses 677 kms, le Tanganyika est le plus long lac d’eau douce du monde ; sous ses eaux turquoises, un véritable bouillon de culture se multiplie avec les effets du réchauffement climatique et l’augmentation des activités humaines.
République Démocratique du Congo – 2018 / 2019
Isabelle Serro

« DENGUE : TERRITOIRES ÉPIDÉMIQUES »
La dengue est le virus transmis par les moustiques le plus répandu dans le monde. Elle touche 390 millions de personnes par an et en tue près de 70 par jour.
La photographe a documenté les causes et conséquences de la dengue dans quatre régions du monde.
Bangladesh, La Réunion (France), Fidji, Nouvelle-Zélande, Nouvelle-Calédonie, Brésil – 2018 / 2019
Adrienne Surprenant / item