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Publié le 16 mai 2017

Les lauréats de la 5ème édition du concours SOPHOT

Exposition du 20 mai au 18 juillet 2015  –  Galerie FAIT & CAUSE  –  Paris

« IN/VISIBLE »
Ann-Christine Woehrl

IN/VISIBLE
Inde, Pakistan, Bangladesh, Ouganda, Népal, Cambodge
2013-2014

Ce sont leurs cicatrices qui attirent l’attention. Les gens regardent ouvertement ou les observent discrètement. Certaines personnes fuient leurs regards immédiatement parce qu´elle se sentent mal à l´aise ou veulent oublier ce qu´elles viennent de voir. Il est plus aisé pour une société de ne pas prendre connaissance de ceux qui sont différents, de les ignorer, voire de les rendre invisibles. C´est la raison pour laquelle les survivants d´attaques au feu ou à l´acide ne souffrent pas seulement de leurs cicatrices toute leur vie, mais surtout de la réaction des autres face à leur défiguration qui les met au ban de la société.

Je me suis rendue en Inde, au Pakistan, au Bangladesh, en Ouganda, au Népal et au Cambodge au cours de ces deux dernières années afin de faire le portrait et d’interviewer les femmes ayant survécu à des attaques au feu ou à l´acide. Mon souhait a été de documenter très précisément la vie quotidienne de chaque femme dans chacun de ces six pays, montrer ce que signifie vivre avec les stigmates d´une réprouvée dans la société correspondante. J´ai voulu capturer leur vie de tous les jours, leur volonté de survivre, la façon dont elles ont repris leur vie en main, ainsi que leurs moments de désespoir, de joie et de bonheur. Flavia, ougandaise, Neehaari, indienne, Renuka, népalaise, Farida, bangladaise et Nurat, pakistanaise, qui ont toutes subi cette tragédie, m´ont autorisée à partager des moments intimes de leur vie et m´ont montré ce que l´héroïsme signifie réellement. Des interviews révèlent un peu plus de leurs vies et de leurs émotions.

 Le fond noir neutre avait pour objectif de faire abstraction de tout environnement social et de leur donner un sentiment de sécurité ainsi qu´un cadre spécial dans lequel elles puissent se sentir capables de se présenter et de poser comme bon leur semble et pas nécessairement comme victimes d´une tragédie. Le but était de montrer leur force intérieure et la paix qu´elles ont retrouvée après tous les combats et les souffrances. Je voulais ainsi leur rendre un visage et les rendre visibles.

On compte officiellement dans le monde environ 1500 attaques à l´acide par an, la plupart concernent des femmes. Le nombre de cas non recensés est bien plus important. Par peur des représailles les survivantes n´osent pas porter plainte.

Il est encore plus difficile de connaître le nombre de femmes attaquées au feu à l´aide de kérosène ou de celles qui tentent de s’immoler afin d´échapper à une vie de sévices commises par les maris ou les beauxparents. Ces attaques sont la plupart du temps maquillées en accidents ménagers.

La corruption, une loi peu réactive et la discrimination envers les femmes ancrée dans la culture favorisent ces agressions. Les motifs les plus courants sont, la jalousie, un amour non réciproque, l´infidélité, une dispute au sujet d´une dote ou d´un terrain. Alors que de nombreux coupables se promènent en liberté, les survivantes subissent quotidiennement des souffrances physiques et psychologiques.

J´ai souhaité capturer la beauté et l´assurance de ces femmes cachées derrière les cicatrices.

J´ai voulu les rendre une fois encore visibles à la société.

Ann-Christine WOEHRL

Biographie :

Ann-Christine Woehrl, franco-allemande, née en 1975, photographe indépendante, vit à Munich et est représentée par l’Agence italienne Echo Photojournalism. Elle mène ses études de photographie à Paris où elle sera stagiaire pour Magnum photo et le photographe Reza. Elle travaille en tant qu’assistante pour le photographe Américain David Turnley.
Son travail récent est consacré aux sujets sociaux autour des femmes, de la religion, dans des contextes socioculturels différents.
Après un travail sur le Vaudou au Benin, montré en projection en 2012 à Visa pour l’image, son projet récent réalisé au Ghana, “Witches in Exile” (“Sorcières en Exile”) est publié dans la presse internationale et exposé en 2013 dans la galerie Pinter & Milch à Berlin, dans le musée Kunst Haus Wien à Vienne et montré dans plusieurs festivals à l’étranger : Brésil, Canada ,Cambodge.
Son projet « IN/VISIBLE » a été réalisé grâce au soutien de la fondation Allemande Stiftung Kulturwerk / VG Bild –Kunst et montré dans son intégralité au Museum Fünf Kontinente (Musée de l’Homme) de Munich en 2014 / 2015 et va être exposé au Museum Natur und Mensch (Musée de l’Homme) à Freibourg de Mai à Septembre 2015. « IN/VISIBLE » a été publié par les éditions Lammerhuber en Autriche et primé par le Taylor Wessing Photographic Portrait Award 2014 et le Alfred Fried Photography Award 2014, la National Portrait Gallery à Londres et l’UNESCO à Paris ont exposé les travaux des lauréats.
www.ann-christine-woehrl.com

« NO GO ZONE »
Carlos Ayesta – Guillaume Bression

NO GO ZONE
Fukushima – Japon
2011-2014

Depuis le tsunami et la catastrophe nucléaire de mars 2011, Carlos Ayesta et Guillaume Bression se sont rendus à de nombreuses reprises dans la région de Fukushima et tout particulièrement dans le
no man’s land qui entoure le site accidenté.

De leurs différents séjours sur place résultent cinq séries photographiques à l’esthétique forte qui mêlent la mise en scène et l’approche documentaire. Des photos décalées, qui permettent de penser les différentes conséquences d’un accident nucléaire de cette ampleur.
Que reste-t-il d’une région quand 80 000 personnes en ont été évacuées du jour au lendemain – série
« Clair-obscur » ?
Comment vit-on au milieu d’une menace aussi invisible et méconnue que la radioactivité – série
« Mauvais rêves » ?
Comment la végétation s’imprime-t-elle sur chaque chose et sur chaque bâtiment au fur et à mesure que les années passent – série « Nature » ?
Comment les objets laissés à l’abandon sont devenus des reliques d’un Pompéi contemporain – série « Packshots » ?
Et enfin, comment les anciens résidents appréhendent-ils le retour dans ces villes fantômes ?

Pour cette dernière série, baptisée « Revenir sur nos pas », ils ont demandé à d’anciens résidents – parfois les propriétaires des lieux – de revenir dans leur commerce ou leur école, de pousser les portes de ces lieux autrefois banals. Ils ont aussi demandé à certains habitants de la région de Fukushima de se rendre avec eux dans cette zone devenue interdite. Une façon pour eux de constater par eux-mêmes les conséquences de cette catastrophe.
Face à l’objectif, ils sont pourtant tous tenus de faire « comme si de rien n’était » et de se comporter normalement. L’étrange et le banal se mêlent dans des photographies quasi-surnaturelles et pourtant plausibles, résultat d’une catastrophe nucléaire historique. Le parti-pris est celui du témoignage et non de l’activisme.

Les photographes documentent les conséquences d’une évacuation massive et durable, au moins pour les villes les plus proches de la centrale nucléaire.

Carlos AYESTA-Guillaume BRESSION

Biographie :

Carlos Ayesta, né à Caracas en 1985, travaille en tant que photographe indépendant en France depuis 5 ans et se distingue avec ses photos d’architecture prises sur corde (entre autre pour l’EPADESA). Il a été exposé en 2012 au forum des Halles et à la Mairie de Paris, dans le cadre de la carte blanche SFR jeunes talents et de l’exposition « Doisneau-Paris Les Halles ».
En 2014, il participe au projet « The Wave », exposition collective produite par BNP Paribas à la villette et itinérante en Europe.

Guillaume Bression, né à Paris en 1980, scientifique de formation, travaille comme photographe et cameraman indépendant à Tokyo. Installé au Japon depuis 2010, correspondant de la chaine France 24, il couvre le Japon et la Corée pour différents quotidiens, magazines et chaines de télévision.
En marge de ses activités professionnelles pour la presse, il mène des projets plus personnels au Japon et en Afrique qui tentent de montrer le réel autrement.

Carlos et Guillaume travaillent ensemble depuis 2009. En 2013, leur travail collectif autour de la thématique de Fukushima a été exposé lors des festivals « Circulation(s) » et « Photaumnales », à la galerie « 7 in Luxembourg », à Fotofever au carrousel du Louvre et projetées aux « Voies Off » d’Arles en 2013.


FINALISTES 2015


Véronik FRUCHARD

« Le paradis de Damien »
L’univers précaire et émouvant de trois êtres fragiles et isolés
qui vivent dans l’ombre de la ville lumière. France

Jean GARCIA
« Il faut lutter »
Revers d’une réalité dont on parle peu :
celle moins séduisante, d’un peuple pauvre et sans perspective. Cuba

Pierre JEANSON
« Les chiffoniers du périphérique»
La pauvreté et la grande précarité aux portes de Paris. France

Anne SENDIK et Pauline BEUZART
« Fluorescence »
Portrait des femmes militantes. Ses engagements sont souvent mal compris, méconnus, invisibles. En cause, les préjugés véhiculés sur les femmes et leur capacité d’agir. Argentine, Chili, Equateur, Paraguay.

Jérémy SAINT-PEYRE
« Peut-être que ce sera la fin de la souffrance »
Les Syriens étaient opprimés, les Palestiniens n’étaient pas les bienvenus et les Kurdes étaient persécutés. Avec la guerre, depuis 2011, ils ont dû choisir entre la survie sous les bombes, la vie avec la menace des forces de sécurité d’Assad, subir la cruauté de groupes radicaux… ou l’exile. Allemagne, Autriche, Belgique, Bulgarie, France, Italie, Pays Bas, Suède.

Serge TRIB
« Le peuple de la carrière »
Une vision humaine et environnementale sur les conditions de travail dans cet enfer volontaire. Pissy – Ouagadougou – Burkina Faso.