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Lauréats de la 6ème édition du concours SOPHOT

Exposition du 18 mai au 9 juillet 2016  –  Galerie FAIT & CAUSE  –  Paris

LES FEMMES DE LA CASA XOCHIQUETZAL
Bénédicte Desrus

LES FEMMES DE LA CASA XOCHIQUETZAL

En 2008, Bénédicte Desrus découvre la Casa Xochiquetzal, une maison de retraite pour prostituées située à Mexico. Fascinée et intéressée par l’histoire de ces femmes, elle souhaite mieux les connaître et garde à l’esprit cette question :

Que deviennent les prostituées quand elles vieillissent ?

Elle décide alors de réaliser un reportage sur cette auberge unique en Amérique latine.

26 femmes, âgées de 55 à 86 ans, ont trouvé refuge à la Casa Xochiquetzal. Elles n’avaient nulle part où aller pour passer leurs vieux jours. Depuis sa création en 2006, plus de 300 femmes ont été hébergées dans cette grande maison coloniale. Ici, elles ont un toit pour dormir, plusieurs repas par jour et des soins médicaux gratuits. Pour la majorité d’entre elles, c’est la première fois de leur vie.

Elles participent également à des ateliers, à des groupes de réflexion pour faire valoir leurs droits et à des cours afin de les aider à reprendre confiance en elles et ainsi affronter les traumatismes du passé. En marge de la société, souvent sans contact avec leur famille, très fragilisées par l’âge et par de nombreuses pathologies, elles tentent néanmoins de retrouver leur dignité.

Les photographies de Bénédicte Desrus captent la dignité de ces femmes et mettent en évidence leur courage et les histoires qu’elles ont à partager avec une société qui les a rejetées. Elles nous montrent que les personnes les plus marginalisées ont beaucoup à nous apprendre.

Ce reportage invite le public à porter un autre regard sur les droits des femmes, sur la discrimination et les stéréotypes des travailleuses du sexe et invitent à une réflexion sur les préjugés les concernant. Il vise aussi à diffuser le travail de la Casa Xochiquetzal afin d’inspirer ailleurs des initiatives similaires.

Pendant 4 ans, Bénédicte Desrus a photographié ces femmes dans leur quotidien, avant d’inviter l’écrivaine mexicaine Celia Gómez Ramos à découvrir la Casa Xochiquetzal.

En 2012, elles ont lancé ensemble le projet du livre, Las Amorosas Más Bravas (Les Amoureuses les plus vaillantes). En mars 2014, l’ouvrage texte-image, a été publié et tiré à 1000 exemplaires au Mexique.

Une partie des ventes du livre est reversée à la Casa Xochiquetzal afin d’améliorer les conditions de vie des résidentes ; le projet vise aussi à susciter des dons.

Mais le principal objectif reste de sortir ces femmes de l’anonymat et de les rendre visibles aux yeux d’une société qui les a longtemps ignorées

En somme ce reportage est un hommage à la vieillesse et à la dignité humaine.

Bénédicte DESRUS

Biographie :

Bénédicte Desrus est une photographe documentaire basée à Mexico, représentée par Sipa Press USA. Elle a travaillé en Europe, en Afrique, aux États-Unis et en Amérique latine. Son travail se concentre essentiellement sur les questions humanitaires et sociales.

Ses photographies témoignent de la vie des personnes rejetées par la société et des communautés qu’elles créent pour survivre et défendre leur dignité. Ses reportages s’effectuent sur le long terme : la persécution des homosexuels en Ouganda, les albinos tués en Tanzanie, l’obésité à travers le monde, les travailleuses du sexe…

Son travail a fait l’objet de nombreuses parutions dans la presse internationale : Al Jazeera América, Harper magazine, The New York Times, Time, The Wall Street Journal, The Toronto Star, Le Monde, Courrier International, Internazionale, Aftenposten, De Volkskrant, Udvikling, Esquire, Marie Claire, Grazia, Elle, Henne, The Financial Times Weekend Magazine, L’Equipe, Néon…

TEATRO DEL TORO
Corinne Rozotte

TEATRO DEL TORO  – France – Arles / 2012-2014

Ce travail s’inscrit dans le cadre d’un projet photographique sur le long terme ayant pour thème l’Animal hors de son milieu naturel, ses modes d’adaptation à son nouveau milieu de vie et ses relations avec l’homme.

En Occident, nous sommes quotidiennement confrontés aux répercussions du règne de l’homme sur l’animal : consommation de viande, de poissons et de produits d’origine animale, graisses,  cosmétiques, objets en cuir. Animaux domestiqués, animaux maintenus en captivité, animaux assassinés en toute légalité. En France, environ 700 taureaux sont tués chaque année dans les arènes.

Pour ces photographies, j’ai voulu une forme particulièrement marquée qui propose de montrer la réalité comme une fiction, tout en accentuant le caractère grotesque et cruel du spectacle de la corrida. Les couleurs deviennent maîtresses comme autant d’effets imaginaires résonnant aux cris silencieux du Toro. NO !

Dans l’arène, le spectacle devient alors théâtre d’effigie.

Les moments du combat que j’ai choisis de montrer tendent tous à présenter une forme de déréalisation de la réalité qui accentue la dimension de la mise en scène de la mort gratuite d’un animal par des personnages dont la gestuelle et la posture peuvent davantage faire penser à un théâtre de marionnettes qu’à un spectacle déroulant un rituel dit «culturel» qui se veut fier et codifié.

C’est aussi dans cette perspective que j’ai choisi de ne pas montrer le public présent dans l’arène.

Picadors, banderilleros, matadors ou encore areneros se mouvant comme autant d’automates répétant les même rituels six fois de suite… Dans une même corrida, ce sont six taureaux qui sont mis à mort.

Corinne Rozotte

Si en 2016, la corrida n’est toujours pas interdite, elle est passée de mode et son public se fait de moins en moins nombreux. Celui-ci préfère assister à des courses camarguaises ou encore aux courses de Recordatores – spectacle acrobatique où des hommes sautent par-dessus le taureau sans qu’aucune goutte de sang ne soit versée-.

Pour rappel, les spectacles tauromachiques ne sont autorisés que dans trois pays ou régions d’Europe : l’Espagne, le Portugal et le sud de la France.

En France, c’est l’article 521-1 du code pénal qui réprime les sévices et les actes de cruauté envers les animaux mais qui fait une exception pour les courses de taureaux et les combats de coqs « lorsqu’une tradition locale ininterrompue peut être invoquée ».

En juin 2015, la Cour d’Appel de Paris a donné raison aux associations de protection des animaux en radiant la corrida du patrimoine culturel immatériel de la France.

Pour finir, rappelons qu’il y a déjà plus de 150 ans, Victor Hugo, comme d’ailleurs d’autres de ses contemporains, s’était indigné du spectacle de la corrida : « Torturer un taureau pour le plaisir, pour l’amusement c’est beaucoup plus que de torturer un animal, c’est torturer une conscience ! »

Corinne ROZOTTE

Biographie :

Corinne Rozotte, née à Paris en 1969, vient du monde de la sociologie de la santé.

C’est en 2012 qu’elle décide de faire de la photographie son activité professionnelle et cesse définitivement ses missions dans le domaine de la santé publique.

Basée à Paris, elle travaille sur différents projets photographiques en Bourgogne et en Asie (Chine, Thaïlande). Son travail se caractérise à la fois par une approche documentaire et par une approche plasticienne. Imprégné d’une forte vision sociétale, il témoigne d’un engagement professionnel allant dans le sens d’une plus grande justice sociale et environnementale.

Son travail personnel a été publié dans L’œil de la Photographie, Vis à Vis Photo, Le Tigre, Galerie Photo, la revue Regards…

Elle a exposé à Paris (Galerie Immix, Espace Japon, Rencontres Photo du Xème…), en Italie, en Nouvelle-Calédonie, en Bourgogne (Maison de la Forêt de Leuglay, Hôtel de Ville de Châtillon-sur-Seine…) etc.


FINALISTES 2016


Jean-Marc BALSIERE

« District 68 – Les Chiffonniers d’Istanbul »

Nicolas GALLON / Contextes
« Scènes de la vie quotidienne »
(Une situation globalement assez satisfaisante)

Bertrand GAUDILLÈRE
« Justes solidaires »

Augustin LE GALL
« Chronique d’une jeunesse tunisienne. 2011-2015 »

Victor RAISON
« Buenaventura – Tristes Tropiques »

Jules TOULET
« Made In Bangladesh »